Mes maux avec mes mots
Lundi. C'est la rentrée. Tu ne voulais pas y retourner après les événements qui s'étaient produits deux jours auparavant. Tu ne voulais pas le revoir. Mais, il y a eut cette petite lueure intérieure, au fond de toi, qui t'y as poussée. Alors, la gorge nouée, les pas incertains, le regard furtif, les cheveux bruns dans le visage, tu as affronté la passion, - cette passion qui t'as tant tiraillée pendant des jours et des nuits entières - t'efforçant d'être le plus naturelle possible, d'être aussi souriante et chiante qu'à ton habitude. Eux, ils n'y ont vu que du feu, pour eux, tu étais toujours la même. Elle, qui te dénigre, n'a même pas fait attention à toi, vogant à ses nouvelles occupations. Pourtant, elle était dure cette journée. Les cours semblaient interminables, leur paroles coulaient sur toi avec une telle fluidité qu'elles ne pouvaient s'imprégner. Ton esprit, ton âme, ton corps et ton coeur étaient ailleurs. Ailleurs, dans les souvenirs, ailleurs dans le passé. Le passé. Ce tirroir si bien rangé dans ta tête, fermé à double tour pour que personne ne puisse s'y imicer sans ton autorisation. Tes maux si souvent cachés, la vérité trop souvent baffouée, tes sentiments toujours intériorisés, telle est ta règle d'or, que tu le veuilles ou non. Ne jamais rien dire. Chut. Cette journée était horrible, une véritable torture d'esprit. Ton coeur saigne, tes larmes coulent, tu ne maîtrises plus rien. Tu détestes cela. Tu détestes être vulnérable et possédée. Tu détestes perdre le contrôle de toi-même et sombrer dans une solitude sans mercis. Mais tel était le destin de cette histoire. Il était écrit, tu en es certaine.
- Voué à l'échec -
Mais obstinée, tu avais foncé la tête baissée, te laissant aller à tes sentiments et surtout à ta perte. De tous les côtés, on te prévenait de ta souffrance à venir ; mais toi, non, tu te suicidais volontairement. Tu t'engouffrais dans cette passion chaque jour un peu plus, à en devenir folle. Folle de lui, oui, tu l'étais ; à en devenir aveugle. Tu étais prête à tout pour lui, à sacrifier ta vie, tes amis et bien plus encore, tu étais prête à vivre cachée, à l'abris de tous regards. Ses paroles te faisaient rêver, ses notes quand ses doigts éfleuraient le clavier te faisaient frissonner et t'emportaient dans un autre monde dont seul lui avait la clé, son regard fixe, plongé au fond du tien te faisaient rougir de par son intensité. Tu l'aimais. Plus que tout. Et cependant, ce soir là, tu le haïssais. Ses paroles étaient creuses et incompréhensibles. Tu aurais voulu le tuer, et te tuer par la même occasion. Tu avais mal, tu pleurais, comme jamais tu n'avais pleuré. Et Dieu sait que tu en as eu des chagrins d'amour, mais jamais comme celui ci. Il était intense. Quelque chose te prenait au ventre. Une déchirure. Un bout de toi que tu perds en chemin, comme ça, du jour au lendemain, sans comprendre exactement pourquoi. Cinq minutes de rupture. Il te manquait déjà. Jamais tu n'as aimé comme tu l'aimais. Jamais tu ne pourras l'oublier, il sera toujours au fond de toi, au fond de ton coeur, bien caché, comme vous l'avez été quelques temps.
Avant, tout les soirs, en fermant les yeux, ton coeur battait pour lui et tu souriais. Maintenant, tout les soirs en fermant les yeux, ton coeur s'arrête de battre et une perle nacrée ruisselle doucement le long de ta joue en te disant "bonne nuit chérichoue" [...]